Rythmes scolaires : Les enfants aussi
devraient travailler plus longtemps.
Le questionnaire que les parents d’élèves de la CCRC viennent de recevoir n’étant accompagné d’aucune explication pertinente pour comprendre ce qui attend les écoliers, voici quelques éclaircissements qui pourront aider chacun à se forger une opinion.
La nouvelle organisation du temps scolaire occuperait les élèves de la maternelle et du primaire sur neuf demi-journées réparties sur 5 jours au lieu des huit demi-journées actuelles réparties sur 4 jours.
Quelques principes intangibles encadrent les possibilités d’aménagement de la semaine. Le plus contraignant pour les enfants qui fréquentent le Pôle éducatif de Clairegoutte comme pour tous ceux qui sont transportés par les cars que le Conseil Général met gratuitement à leur disposition, ce sont les circuits et les horaires de passage des bus qui ne peuvent absolument pas être modifiés. Les aménagements choisis devront donc impérativement rester dans l’enveloppe déterminée par les heures du ramassage scolaire.
Prenons l’exemple de Belverne.
En 2013, c'est-à-dire avant l’application du projet Peillon :
Matin, départ du bus à 8h et retour à 12h soit 4h
Après-midi, départ du bus à 13h et retour à 17h soit 4h
Ces 8 demi journées de temps contraint sont occupées de la manière suivante :
| Transport | Accueil gratuit (enseignants) | cours | accueil périscolaire (avant le bus) | total |
Matin | 50 minutes | 10 minutes | 3 heures | 0 | 4 heures |
Après-midi | 50 minutes | 10 minutes | 3 heures | 0 | 4 heures |
Aujourd’hui, à raison de 8 heures quotidiennes de vie en collectivité, sur 4 jours, un élève de Belverne cumule 32 heures par semaine (4 matins et 4 après-midi).
A la rentrée 2014 avec l’application des nouveaux rythmes :
Matin, départ du bus à 8h et retour à 12h soit 4h
Après-midi, départ du bus à 13h et retour à 17h soit 4h
Ces 9 demi journées de temps contraint seraient occupées de la manière suivante :
| Transport | Accueil gratuit (enseignants) | cours | accueil périscolaire (avant le bus) | total |
Matin | 50 minutes | 10 minutes | 3 heures | 0 | 4 heures |
Après-midi | 50 minutes | 10 minutes | 2h 15 min (*) | 45 minutes | 4 heures |
(*) Dans l’hypothèse la plus vraisemblable, à Clairegoutte les cours se termineront à 15h45.
Après application du projet Peillon, à raison de 8 heures quotidiennes de vie en collectivité, sur 4,5 jours, un élève de Belverne cumulera 36 heures par semaine (5 matins et 4 après-midi).
Ces tableaux mettent en lumière l'allongement de la semaine et l'inévitable surcroît de fatigue qu'il entraînera pour les gosses, mais, afin de mieux cerner le problème il faut encore préciser un point crucial. En l’état, le périscolaire ne sera pas gratuit et si les parents ne paient pas, les enfants habituellement transportés en bus devront soit être récupérés par la famille à quatre heures moins le quart, soit attendre l’arrivée du car du retour à 16 heures 30, dehors et à l’extérieur de l’école…
Ce qu’il est encore important d’évoquer, c’est le dessein politique des décideurs. Les activités proposées pendant les 45 minutes de périscolaire feront l’objet d’un PET (Projet Educatif Territorial) et c’est loin d’être un détail. Alors que les programmes scolaires sont nationaux et leur mise en œuvre confiée à des fonctionnaires recrutés selon des critères nationaux et payés par l’Etat (donc les mêmes sur tout le territoire), ce gouvernement délègue toute la gestion du temps supplémentaire passé à l’école, aux collectivités locales. Les projets seront territoriaux et les personnels seront payés par les collectivités locales ; les communautés riches pourront financer des projets d’activités ambitieux, pour les plus pauvres qui devront quand même se lever un matin de plus, il restera le ballon, les billes… à raison de 45 minutes par jour, la France pourrait bientôt avoir des champions olympiques dans ces disciplines !
Malgré tout, le gouverneMENT continue à prétendre que ce projet constitue une solution adaptée pour :
- alléger des semaines scolaires actuellement jugées trop éprouvantes pour les écoliers.
- permettre aux élèves de pratiquer des activités artistiques, culturelles sportives… de qualité.
- lutter contre les inégalités
Note : pour les enseignants, même si leur sort n’est pas une considération prioritaire, on peut vérifier dans les détails de la loi que cette nouvelle organisation n’augmente pas leur volume horaire hebdomadaire de cours.