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Développer l'expertise citoyenne. Permettre aux habitants d'un petit village de prendre part à la gestion de leur commune. Services publics, chantiers, urbanisme, budget..., chacun peut s'informer, réfléchir, se forger une opinion sur les sujets dont débat le conseil municipal au niveau local et aussi plus globalement comprendre les grands enjeux du Monde en pleines tribulations...

Comité de pilotage du plan paysage le 23 avril 2008 .

Réunion à Champagney

 L’arbre qui cache la forêt.

    

 Deux ans ont passé depuis cette réunion au cours de laquelle l’absurde et le dérisoire devaient prévaloir sur tout ce qui était pertinent. Ce qui se dessinait alors était si invraisemblable que j’aurais voulu m’être trompé dans mon jugement. Pour ne pas être suspecté de faire un procès d’intention aux spécialistes mandatés, j’ai renoncé à publier ce compte rendu avant de pouvoir juger sur pièce. Après avoir pris connaissance de l’état d’avancement du plan de paysage, en ce début mai 2010 (ici bientôt), et à quelques semaines de la deuxième réunion du comité de pilotage, même si on peut heureusement constater que de nombreuses actions très intéressantes ont été inscrites, il faut déplorer que les craintes suscitées en 2008 apparaissent hélas toujours aussi fondées et, malgré ma retenue, justifient pleinement cette parution.

 

Si on pouvait faire quelque chose pour améliorer ce paysage, que faudrait-il entreprendre en priorité ?

 

DSC06185 Belverne poteau 

 

…si vous pensez à enlever les fils et le poteau, c’est que vous, vous n’êtes pas payés ni conditionnés pour dire des conneries !

   

 Selon l’Institut Français de l’ENvironnement (IFEN), l’extension des surfaces artificialisées par l’étalement urbain (immeubles, routes…) a progressé de 20% entre 1992 et 2004 pour atteindre 8,3% du territoire. En France, chaque jour, ce sont 160 hectares qui “disparaissent” ainsi. Les conséquences sont l’augmentation des crues, la fragmentation des habitats naturels des espèces animales, la perte définitive de ressources agricoles, la dégradation des paysages. Même si le phénomène frappe plus durement certaines zones, la prise en compte de ces dommages doit forcément être globale, nationale, planétaire mais aussi d’abord locale. S’atteler à cette tâche, voici une perspective enthousiasmante.

 

La CCRC qui exerce la compétence environnement et aménagement du territoire, a décidé de mettre en place un “plan de paysage”. Il faut préciser que cette démarche initiée par le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges touche progressivement l’ensemble des communes du parc. C’est le cabinet d’études qui vient d’effectuer la même tâche dans le secteur de Faucogney, qui a été retenu pour conduire cette mission ici.

 

Première phase : l’état des lieux

La réunion de ce 23 avril 2008 consiste en une présentation du rapport méticuleux et documenté qui a été dressé et qui établit un diagnostic paysager de notre territoire. On y retrouve des points positifs comme les éléments remarquables du patrimoine, que ce soit historique (sites miniers), architectural (chapelle, bâti traditionnel…) ou tout simplement naturel (cascades et tous paysages épargnés par les méfaits de l’urbanisation). Sont également pointés les aspects négatifs ; ce que le rapport nomme pudiquement des “zones de sensibilité paysagère”. Sans surprise se trouvent énumérés la multiplication des fils et poteaux électriques, le mitage dû à une urbanisation désordonnée, le développement des voies de communication, les dépôts sauvages, des défauts d’entretien du bâti, le manque de goût dont témoignent certaines réalisations, le traitement des entrées de village, les zones de parking en calcaire, la présence de résineux( ?)… bref –dernier item mis à part- tout ce qui pourrit la vue ici ou là a bien été relevé. Par contre la révélation de ce qui, à l’aune du temps qui y a été consacré lors de cette soirée, semble être le principal problème affectant les paysages, en surprendra peut-être plus d’un ! Essayez de deviner de quoi il s’agit… La principale raison de la dégradation de notre environnement paysager figure dans la liste ci-dessus, des méfaits des activités humaines. Evidemment pour un lecteur non préparé, c’est peut-être difficile à trouver, mais l’auditoire a bénéficié d’un “bourrage de crâne” en règle pour le convaincre de l’urgence de s’attaquer à LA véritable cause de la perte de nos paysages. Le diagnostic établi permettra d’animer la deuxième phase dite de concertation avant de dresser la liste des actions prioritaires à conduire au cours de la troisième phase ; le plan d’action ! 

Mais au fait, avez-vous trouvé le mal qui, d’après les spécialistes du cabinet d’études, mine le panorama au point que l’on doive s’y attaquer en urgence ? Vous hésitez peut-être entre deux … Eh bien non, je suis certain que vous n’y êtes pas ! Donnez votre langue au chat !

 Le procédé est à la fois très ancien et très actuel ; accusés d’être la cause des maux de l’humanité, l’âne “Les animaux malades de la peste” ici ou la vache plus récemment “L’odeur du temps” , eh bien c’est aujourd’hui la forêt, oui vous avez bien lu, les arbres ; qu’ils soient plantés par quelqu’un ou qu’ils poussent tout seuls ; voilà la cause du mal à éradiquer ou plutôt le bouc émissaire dont on veut nous faire croire que le sacrifice sauvera les paysages des fléaux qui l’accablent.

 Il faut reconnaître que d’autres pistes d’actions plus sérieuses sont envisagées ; on pourrait supprimer cette autre forêt de fils et poteaux qui défigurent nos rues, on pourrait s’attaquer aux aménagements routiers qui balafrent nos campagnes, on pourrait revoir les règles d’urbanisme (étalement, aspect, efficacité énergétique…), on ne pourra pas aider les particuliers à entretenir leur patrimoine, on pourrait penser à soutenir une agriculture paysanne bio pour satisfaire les besoins locaux (élevage extensif, maraîchage, circuit court)…, on pourrait s’occuper de tout ça ; on va y penser au moins, mais comme on sait que ce sera coûteux et compliqué, on va commencer facile et pas cher ; la priorité des priorités c’est de déboiser. Déboiser pour entretenir et densifier les sentiers, réviser la réglementation des boisements en ayant pour objectif affirmé de freiner l’extension de la forêt. Déboiser pour rouvrir les espaces péri villageois, supprimer les haies et autres micro boisements réalisés par des particuliers, déboiser pour permettre le retour d’agriculteurs (comme si l’extension de la forêt était la cause de leur disparition et non la conséquence)… Déboiser enfin pour donner un signal visible qu’on ne fait pas rien.

 

Parasite21.JPGL’espoir suscité en début de réunion par la démarche a cédé la place à la déception. Au terme de cette manipulation, n’aura été captée et ne sera amplifiée qu’une opinion manufacturée sur mesure. A ce moment, il serait souhaitable que les habitants (consultés dans le cadre d’une enquête réalisée jusqu’en juin 2008) et surtout les élus siégeant au comité de suivi, ne se laissent pas abuser afin que ce plan, trop coûteux s’il ne constitue qu’une atteinte supplémentaire contre la nature, permette effectivement de s’attaquer aux véritables menaces qui pèsent sur notre environnement, paysager compris.

 

 

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