Le sens, c'est-à-dire la direction et la signification, que les humanistes ont voulu donner au progrès est l’émancipation de l’homme, sa libération de la misère, de la précarité, de l’assujettissement au travail ; ce sont les fondements sur lesquels les forces de gauche ont progressivement construit notre modèle social. A l’opposé, l’engeance de prédateurs que ces valeurs révulse continue à trouver un appui, jusque chez ses proies, pour cautionner, participer, collaborer à la destruction de ce patrimoine commun. Parmi les soutiens de notre tyrannie, des malfaisants, des égoïstes incurables bien sûr, mais aussi des apostats, n’ayant pas conscience des raisons pour lesquelles ils sont recrutés. Des citoyens de bonne moralité, des élus dévoués efficaces sur le terrain, victimes du conditionnement médiatique. Ils agissent, on dirait presque de bonne foi, c’est à dire moins par méchanceté que par ignorance ; ce qui précisément les rend susceptibles de se désiler.
Un peu d’histoire…
Pour cause de collaboration, en 1943, aucun représentant du patronat ne figurait parmi les membres fondateurs du Conseil National de la Résistance dont le double objectif était la libération de la France et la mise en œuvre d’un ambitieux programme social (Retraite, nationalisations…). Nous leur devons par exemple, la Sécu (fondée par Ambroise Croizat dès 1945), grâce à laquelle notre système de santé solidaire et obligatoire (chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins), a longtemps été reconnu comme le meilleur du monde. Plus de soixante ans après, des indices révèlent que beaucoup plus sournoise, car désincarnée, insaisissable, la peste qui n’est plus ni brune ni rouge, réapparaît, menaçant de disparition tous les acquis sociaux.
Démocratie, des mots crasseux.
D’aucuns diront qu’il ne serait pas possible de nos jours d’avoir pour credo politique les mesures vichystes, de réhabiliter la collaboration, de mettre en exergue le slogan accueillant les malheureux qui entraient à Auschwitz, de limiter le droit des peuples à décider de leur avenir ; d’ailleurs dans son discours porte de Versailles à Paris, le 31 mars 2012, Nicolas Sarkozy a invoqué le général de Gaulle et les mots d'une rescapée d'Auschwitz pour haranguer les jeunes leur demandant, de ne laisser « personne écrire votre Histoire à votre place », de s'inspirer des « valeurs de la génération de la Résistance qui a su faire la paix, construire l'Europe, permettre les Trente glorieuses, inventer la sécurité sociale » et pourtant…
« Depuis deux siècles, à part l’expérience sanglante de la Terreur, nul totalitarisme n’a menacé nos libertés. » Discours de Nicolas Sarkozy à La Chapelle en Vercors le jeudi 12 novembre 2009. Dans ce haut lieu de la Résistance, nier l’existence du régime totalitaire institué par l’occupation et le régime de Vichy, ce n’est pas faire preuve d’une inculture historique, c’est occulter volontairement la collaboration et suggérer que les Résistants se soient fourvoyés.
« Le travail libère l’individu. » Le 29 mars 2005 sur France 2 au Journal de 20h et encore dernièrement au meeting UMP à Lille le jeudi 23 février 2012, « Le travail c’est le moyen d’être libre ». Ce terrible slogan « Arbeit macht frei », qui, avant même son affichage au portique d’Auschwitz et Dachau, sur l’idée du général SS Theodor Eicke, faisait déjà partie de la phraséologie du totalitarisme de l’époque, se retrouve en odeur de sainteté.
« La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ! » Incroyable aveu de l’origine des exigences du MEDEF (syndicat du patronat) par son vice-président qui, comme l’atteste les dates citées et l’antériorité de cette déclaration dans la revue Challenges le 4 octobre 2007, n’ont rien à voir avec la crise (2008…). Exigences qui au demeurant sont plus éloignées du programme du CNR que de celui de la France collaborationniste à laquelle il est ici implicitement fait référence ou de quelqu’autre totalitarisme .
Des mots, des maux
Nous traversons les années d’hiver dans lesquelles ces hommes de mauvais augures, portant toujours la misère comme la nuée porte l’orage, nous ont plongés. Leur bilan, à l’aune duquel on peut évaluer la sincérité de leurs déclarations, atteste sans ambiguïté leurs véritables et funestes desseins. Menée avec un acharnement redoublé entre 2007 et 2012, la destruction méthodique, systématique, des acquis du programme du CNR (santé, retraites, services publics…), auxquels ils substituent un totalitarisme financier de plus en plus absolu, soulève les relents nauséabonds des temps les plus sombres du vingtième siècle. A la lumière de l’Histoire, ce programme inouï juge sans appel ceux qui le profèrent et leurs affidés qui les soutiennent ; muant de respectables adversaires politiques en vils ennemis du peuple et de l’humanité.
Pour les lecteurs qui douteraient de l’authenticité des citations, on peut les retrouver en suivant ces liens :
l’intitulé du lien soit : "Blog d'Information de Belverne".